Une brève
histoire du Pastel

A partir du XVième siècle

Le pastel est une technique qui a traversé diverses époques. Prisé puis délaissé, il a évolué dans son emploi puis retrouvé peu à peu la faveur des peintres.

C’est un bâtonnet de couleur composé de pigments, d’une charge et d’un liant. Il existe des pastels secs (tendres ou durs) très différents des pastels gras (à l’huile ou à la cire). Une lettre de Léonard De Vinci (1511) en attribue l’invention à la France.

Dès 1465, le pastel apparait timidement pour rehausser des dessins au crayon.
Portrait de Jouvenel des Ursins par J Fouquet(1420-1480) traité en « demi-couleur ».

Il est utilisé en addition pour des portraits de ¾ réalisés en dessin aux « 3 crayons »: Pierre noire/sanguine/blanc.
L’emploi du pastel est donc limité à un cortège de couleurs basiques : jaune, blanc, rose, brun… Peu de couleurs sont fabriquées. Exécuté souvent sur des papiers de couleur il n’intervient qu’en réhaut.
C’est pratique, rapide, et on peut jouer facilement d’effets de matière, d’estompage, d’effaçage et de superpositions… le faisant évoluer du dessin vers la peinture.
Il convient parfaitement aux travaux préparatoires de peintres à l’huile: Cranach, Clouet, Bassano, Barocci …

Jouvenel des Ursins

Clouet 1480-1540

Bassano 1510-1592
Pastel sur fusain

Barocci 1535-1612
Pastel et crayon

Au XVIIIième siècle, c’est l’âge d’or du pastel…

Il devient l’outil idéal pour le portrait. Avant, le portrait à l’huile demandait de longs temps de pause et de réalisation qui alourdissaient le coût final.

Le pastel arrive, permettant une réalisation plus rapide, le modèle n’ayant plus de temps de pause excessif, pas de séchage ni de vernis pour la réalisation. Vite fini, vite livré.
La haute société et la bourgeoisie s’emparent de ce genre pour se faire tirer le portrait…(Boucher, Perronneau)

Mais c’est Maurice Quentin de la Tour qui donne ses lettres de noblesse à ce genre.
Peintre attitré de la famille royale et de hauts dignitaires, il se dédie à cette technique et on voit le décor s’enrichir et refléter davantage les ors des intérieurs de l’époque, avec l’exécution parfaite de portraits en pied.

Les femmes peuvent aussi s’adonner au portrait féminin au pastel, ce genre restant mineur, avec peu de place nécessaire et peu de temps à consacrer à l’atelier (Elisabeth VIGEE LEBRUN, Rosalba CARRIERA).
Allégories antiques et scènes de plein air pré romantiques font leur apparition.

Maurice QUENTIN de la TOUR
1704-1788

Mais au XIXième siècle, tout change!

En 1839, on voit l’arrivée de la photographie (Daguerréotype). En se développant, elle oblige les pastellistes à revisiter leur métier. Le portrait d’atelier est supplanté par la photo. Mais il va évoluer sous une autre forme. L’arrivée du train va bouleverser les habitudes, permettant des déplacements plus aisés vers des territoires bucoliques devenant à la mode.

Place à l’exploration picturale… On met de la couleur là où la photo reste en noir et blanc, les sujets sont davantage liés au quotidien.
Les danseuses de Degas, les cabarets de Toulouse Lautrec, les scènes rurales de Millet, Monet, les portraits de Manet, Mary Cassat, Berthe Morisot reflètent tous cette liberté de formes nouvelles, d’une couleur généreuse et vivante, d’un traité vigoureux, de cadrages variés.

Le pastel est l’outil qui permet aux impressionnistes de restituer au mieux la rapidité et l’instantanéité du modèle.
Il peut associer à un tracé un ajout de matière en superposition, estompant les contours, hachurant les détails pour les révéler, faisant éclater les lumières.
Les symbolistes tels que Redon ou Khnopff, privilégient aussi le pastel comme outil merveilleux pour incarner leurs visions oniriques, tout en subtilité.
La texture du grain de pastel est finement utilisée, créant halos de lumière et matières éthérées qui enrobent ces œuvres de mystère.
Une société des Pastellistes de France voit le jour en 1870, créant une vitrine pour le pastel.
La palette de couleurs devient chatoyante et se diversifie dans toutes ses nuances chez les fabricants. (Exposition Universelle de Paris en 1889 – pavillon du pastel ou Girault présente une vitrine de toute sa gamme).

Le début du XXième siècle

Après ses conflits mondiaux qui déciment les peintres, on voit le pastel s’installer comme une pratique beaucoup plus marginale, moins goûtée par l’abstraction naissante, en mélange avec d’autres techniques. Picasso testant ses tracés schématiques, Kupka ses géométries colorées, Klee, Miro…
On peut associer des grands noms au pastel mais peu de peintres s’y dédient véritablement.
Sam Szafran (1934-2019) est l’artiste français avec qui le pastel retrouve de nouveau, droit de cité auprès des collections et musées nationaux. Escaliers et philodendrons déclinés au pastel sont ses sujets. Cadrages choisis, entre réalisme et stylisation, emploi mesuré des couleurs apportent une expression  contemporaine de la peinture. Les nuances exceptionnelles des couleurs du pastel, sa trace subtile lui donnent à Sam Szaffran sa préférence de choix technique auquel il restera fidèle tout au long de son travail.
Le pastel est néanmoins très peu présent dans les expositions et collections au XXième siècle.
Pour répondre à cet oubli auquel les pastellistes sont souvent relégués, Jean Pierre MERAT va refonder la Société des Pastellistes de France en 1984.

Art du Pastel en France a été créé en 2001 pour répondre également à cette volonté d’informer et de communiquer sur cette technique, la promouvoir à travers des festivals dédiés au Pastel, des stages de pratique.

Les salons de Giverny et de Notre Dame de Gravenchon ont été créés, rendez-vous annuels prisés offrant une belle vitrine du pastel national et international, accueillant régulièrement des associations du monde entier.

Les journées pastel sur le terrain sont toujours des moments d’échanges et de rencontres très prisés des pastellistes.

Depuis 2023, Berric, dans le Morbihan, devient le lieu de notre exposition annuelle.